L'esprit Michelin

 

 

Un homme, venant de province arrive à Paris et prend le métro. On aime raconter cette histoire, dans sa famille, un peu comme un rite, au repas du dimanche, ou à Pâques. Dans le couloir du métro, un clochard s’adresse à lui :

- Pourriez-vous me donner vingt centimes ?

Du tac au tac, le bourgeois de province répond :

- J'allais justement vous demander la même chose !

Nullement décontenancé, le clochard tire de sa poche une pièce de vingt centimes et la donne au bourgeois. Celui-ci, à son tour lui retourne une pièce de vingt centimes en déclarant:

- Je ne voudrais pas être de reste !

On ne plaisante pas avec le respect de l'argent. Même vingt centimes. Ne pas gaspiller. Et puis la réprobation de la mendicité. Celle-ci est condamnable. Il le serait tout autant d'entretenir des pratiques liées à l'alcoolisme. Les mendiants, on le sait, utilisent l'argent pour boire.

 N'est-ce pas, avec quelques uns de ces principes mis en pratique avec opiniâtreté que l'on bâtit des empires ? Parle-t-on d'autre chose lorsque l'on évoque par exemple l'esprit Michelin ? Ainsi des bouts de crayon que le personnel devait rendre pour obtenir au magasin un nouveau crayon. Ou de la réponse du contremaître au cocher qui, chez Michelin, au début du vingtième siècle, se plaignait de son salaire et demandait une augmentation :

- Mon p'tit père Roger, tu te plains d'être mal payé, mais rend toi compte de la chance que tu as ! N'est-ce pas toi qui conduis le plus bel attelage de toute l'usine ?

 

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